top of page

Exchange Theatre

exchange-theater-of-15-final-v2-768x221_

Le Coup de Projecteur ce mois-ci portera sur Exchange Theatre. Nous avons pu nous entretenir avec Fanny Dulin, directrice exécutive et productrice, et David Furlong, directeur artistique et metteur en scène. Tous deux ont bien voulu nous présenter les activités et projets portés par cette compagnie dynamique, qu’ils dirigent ensemble depuis près de quinze ans.

 

Q. Pouvez-vous nous présenter Exchange Theatre en quelques mots ?

R. (Fanny) Exchange Theatre est une compagnie de théâtre bilingue et internationale basée à Londres et fondée en 2006 par David (qui est mauricien) et moi-même (qui suis française).

​

Q. Quelle est l’idée à l’origine de la fondation d’Exchange Theatre ?

R. (David) Fanny et moi sommes partis du constat que l’héritage du théâtre francophone était peu produit au Royaume-Uni. Nous avons par conséquent choisi de mettre en scène et jouer de grands textes du répertoire de langue française. L’Échange de Paul Claudel a été la première pierre de l’édifice que nous sommes parvenus à construire au fil du temps.

 

Q. Comment Exchange Theatre a-t-il évolué depuis 2006 ?

R. (Fanny) Nous avons pris de plus amples responsabilités : en plus de monter sur scène, je suis devenue directrice exécutive et productrice, et David est devenu directeur artistique et metteur en scène. Au fil des années et des productions (Sartre, Durringer, Feydeau), les objectifs se sont élargis. Avec plus de 38 spectacles produits, des projets collaboratifs, en passant par une résidence jeune public à l’Institut Français, l’association est d’abord devenue un marqueur culturel de la communauté francophone expatriée de Londres. Cependant, Exchange Theatre, ancrée dans la scène britannique, poursuit aussi sa route “vers la réunion du monde” (selon la formule de Claudel) et vers un théâtre qui abolit les frontières.

 

Q. Comment définiriez-vous le théâtre que vous proposez ?

R. (David) Nous le voulons spontané, libéré d’un certain conservatisme, et suivant notamment le modèle du Théâtre National Populaire. Nous veillons aussi, dans le choix de nos collaborations et des spectacles, à nous inscrire dans des valeurs de diversité et d’inclusion. La compagnie ne se veut donc pas un porte-drapeau de la culture française, mais l’adopte comme socle d’engagement et d’universalisme afin de bâtir des ponts culturels et humains.

​

Q. Quelles sont les activités proposées par Exchange Theatre ?
R. (Fanny) L’association a développé trois activités principales. La première est la production, l’adaptation et la mise en scène de spectacles. La seconde est l’offre de cours de théâtre en français : pour adultes avec Le Workshop, pour les enfants avec Le Petit Théâtre et avec Languages through schools, permettant d’enseigner gratuitement le français via le théâtre dans les écoles publiques de Borough (quartier de Southwark) grâce à des subventions publiques. Enfin avec Le Trap, notre studio de répétition, nous donnons la possibilité à d’autres de pratiquer le théâtre en plein cœur de Londres.

​

Q. Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez été confrontés depuis votre création ? Et comment y avez-vous fait face ?
R. (David) Le Brexit est assurément l’un d’entre eux. Il survient alors que la compagnie est en pleine émergence. Cette crise donne plus que jamais sa place au “théâtre de l’échange” et au multiculturalisme que la compagnie encourage. De manière presque paradoxale, le Brexit a poussé la compagnie à se positionner plus fermement dans ses valeurs et ses objectifs d’ouverture, réfléchissant encore davantage sur son travail inclusif. Depuis 2016, la compagnie n’a cessé de grandir avec des succès critiques et commerciaux dans les deux langues, notamment Le Misanthrope et Le Médecin malgré lui de Molière de 2016 à 2018, puis The Flies d’après Sartre en 2019. Ces productions ont donné lieu à trois nominations aux Off-West End Awards (meilleure mise en scène, meilleure production, meilleure création vidéo). J’ai parallèlement eu le bonheur d’être admis au Royal Opera House en 2017 et au Young Vic en 2020.
(Fanny) Cette année marque aussi un carrefour pour Exchange Theatre avec la crise du coronavirus et du monde du spectacle. La compagnie n’a pas délaissé ses valeurs et ne s’est pas pour autant mise à l’arrêt. Ainsi pendant le confinement, les cours de théâtre du Workshop et du Petit Théâtre pour les enfants ont continué en ligne. Nous avons créé avec nos élèves adultes francophones une web-série (ZOOM Service sur Facebook et Instagram). Nous avons organisé 8 classes virtuelles bilingues par semaine à destination d’enfants basés un peu partout en Europe (France, Royaume-Uni, Suisse, Italie) – soit 96 sessions Zoom au total. Nous avons diffusé des spectacles et des podcasts en streaming allant jusqu’à 3.000 spectateurs. Avec le soutien du Arts Council of England et grâce au travail acharné de ses membres, la compagnie a donc su se réinventer, affirmer sa présence digitale, se positionner dans les débats actuels sur les besoin de représentation, et montrer sa résilience et sa résistance en relevant ces défis actuels.

 

Q. Pouvez-vous nous parler de vos projets ?

R. (David) Nous revenons dès le mois de novembre avec la publication de l’adaptation de Break of Noon de Paul Claudel, ainsi qu’avec un nouveau spectacle dans le cadre du South Ken Kids Festival de l’Institut Français. Notre nouveau spectacle familial Le Cat in (re)Boots! montre bien cette évolution et cette affirmation sur la scène londonienne avec les valeurs qui sont les nôtres. En effet, Exchange Theatre ré-adapte le célèbre conte du Chat Botté de Perrault dans une version anti-raciste prônant la mobilité sociale et faisant tomber les barrières de classe et d’origine.

bottom of page